Le Plan d’épargne retraite est souvent présenté à travers un seul prisme : celui de la performance financière. Les rendements oscillent entre 3.5% et 5.2%, en fonction des allocations des supports d'investissements ainsi que de l’expertise de l’assureur. En savoir plus sur per. fr.
Cependant, se limiter à cet indicateur donne lieu à une lecture incomplète de la véritable performance de ce placement. Pour évaluer rigoureusement la pertinence de cet outil d’épargne, il est impératif de dépasser les chiffres bruts et d’adopter une grille d’analyse plus étendue.
Le rendement net de fiscalité et de frais : une vérité plus nuancée
Le taux de rendement affiché par les PER est brut de frais et de fiscalité. Or, la performance réellement captée par l’épargnant dépend d’un faisceau de paramètres :
- les frais de gestion (0,5 à 1 % par an pour la gestion pilotée)
- les frais d’entrée (parfois jusqu’à 5 %, bien que négociables)
- les frais d’arbitrage et les frais sur unités de compte
- l’imposition à la sortie, tenant compte d’un déblocage en capital ou en rente et de la déduction ou non des versements
Un PER performant sur le papier peut se révéler bien moins intéressant une fois ces éléments intégrés.
La gestion du risque : performance par rapport à la volatilité
Il ne suffit pas d’enregistrer un rendement élevé : encore faut-il qu’il soit pérenne. La volatilité représente entre autres une métrique clé pour comparer objectivement deux PER. Un Plan avec un rendement annuel moyen de 5 % et une volatilité de 12 % est moins attractif à long terme que celui à 4 % avec une volatilité de 6 %. Cela car il exige plus de résilience émotionnelle et comporte davantage de risques de perte.
L’adéquation avec l’horizon et les objectifs de l’épargnant
Un PER n’est pas une enveloppe figée. Sa structure d’allocation évolue selon l’âge, la situation patrimoniale et la tolérance au risque. Une gestion par horizon de retraite doit être bien calibrée pour chaque type de profil.
Ainsi, la performance est satisfaisante si elle répond à l’objectif personnel de l’épargnant : accumulation de capital, génération de rente, optimisation fiscale. C’est pourquoi, deux PER aux rendements identiques peuvent présenter une pertinence diamétralement opposée selon les objectifs visés.
L’efficience fiscale : un levier de performance différée
La déduction fiscale à l’entrée peut produire un rendement réel de 3 % à 5 % ou plus, une fois l’avantage fiscal réintégré. Toutefois, cette efficacité est conditionnée par la tranche marginale d’imposition à l’entrée ou à la liquidation du Plan, le type de sortie (capital ou rente) ainsi que le recours à une sortie en capital fractionnée pour lisser l’imposition.
Un PER utilisé intelligemment pour « lisser » son imposition à la retraite devient un outil de performance fiscale, bien plus qu’un simple produit financier.
La liquidité et la flexibilité : les dimensions sous-estimées de la performance
Le PER est bloqué jusqu’à l’âge de départ à la retraite, sauf cas exceptionnels (décès du conjoint, invalidité, surendettement, fin de la perception des allocations chômage, cessation de son activité non salariée résultant d’une liquidation judiciaire, achat de sa résidence principale). Cette illiquidité engendre un coût implicite : en contrepartie d’une fiscalité avantageuse, l’épargnant renonce à la disponibilité immédiate.
Or, une épargne performante doit aussi rester mobilisable en cas de besoin, ou au moins être adossée à des scénarios de déblocage réalistes. Le manque de flexibilité peut alors dégrader la « performance utile » du placement.
Pour conclure, mesurer la performance d’un PER n’est pas simplement comparer des rendements passés, mais aussi évaluer une performance nette, ajustée, contextualisée et personnalisée. Une vision réellement performante du PER ne peut donc être qu’individuelle et évolutive.